Patrimoine

Le château du XVIIIème

Voulu par Gaspard de Clermont Tonnerre, chef militaire qui remporta la bataille de Fontenoy en 1745, le château fut construit de 1715 à 1723. Cette belle bâtisse, coiffée d’un toit de tuiles vernissées de plusieurs couleurs semblable au toit des Hospices de Beaune, abrite aujourd’hui l’Hôtel de ville. Au premier regard on est frappé par l’unité de la construction, la parfaite symétrie et la rigueur géométrique qui la détermine : symétrie de l’ensemble par rapport au porche d’entrée – symétrie des deux bâtiments château et communs l’un par rapport à l’autre – symétrie des façades par rapport à l’avant-corps central orné d’un fronton, déterminant l’axe de symétrie.

Admirez à l’intérieur la magnifique rampe en fer forgé de l’escalier. L’ordre “colossal” reliant par le jeu des pilastres le rez de chaussée à l’étage, les angles soulignés par des avant-corps en pierres de taille imposent un sentiment de puissance et de majesté. Les balcons comme l’escalier intérieur en fer forgé où s’enlacent les deux “C” de Clermont Crussy et le “CM” des Clermont Massol. Les fenêtres curvilignes, l’œil de bœuf ovale ajoutés aux éléments décrits plus haut permettent de qualifier cet ensemble de “baroque”. Baroque aussi le porche avec ses pilastres à fûts cannelés et ses chapiteaux corinthiens à feuilles d’acanthe. 


Les Halles en bois du XVIème

Les premières halles furent construites sous le règne de Gauthier II de BEAUFFREMONT au 15ème siècle.

Elle furent détruites en 1595 par Tremblecourt et ses mercenaires recrutés par Henri IV en vue de conquérir la Franche-Comté alors possession de l’Espagne.

Elles seront rapidement reconstruites. Plus tard, elles subiront d’autres dommages notamment lors de l’attaque des suédois à la solde de la France en 1636 mais elles seront réparées avec un tel souci d’exactitude qu’il est permis de dire que celles que nous contemplons aujourd’hui sont exactement celles de 1595, à un clou près.

Vers 1770 elles ont été consolidées par Gaspard de CLERMONT-TONNERRE après la construction de l’église.


L’église du XVIIIème

Après avoir fait construire le château, dont les travaux sont terminés en 1723, Gaspard de Clermont Tonnerre, avenant et souriant, mène son fief avec une main de fer et une discipline militaire. L’économie ainsi bien dirigé permet au fief de faire face à d’autres dépenses urgentes dont l’église.

Il faut complètement la démolir pour en bâtir une autre, digne de Vauvillers et solide. Plusieurs projets sont à l’étude et c’est celui du 28 mars 1768 qui est retenu. Il propose de recommencer à zéro avec d’autres murs de fondation. Les travaux dureront 5 ans, de 1768 à 1773. 

L’architecture est inspirée par celle de l’église de Gruey (Vosges). Elle est l’œuvre de Jean Querret et l’architecte en fut Claude Etienne Chognard.

Comme au château, on est frappé par la rigoureuse symétrie de la composition d’ensemble organisée autour du portail rectangulaire. La façade se développe sur trois niveaux :

  • Une puissante assise de pierres de taille sur laquelle s’appuient quatre colonnes doriques encadrant un oculus rectangulaire.

  • Des pilastres les prolongent, symétriquement disposés de part et d’autre d’un fronton curviligne interrompu avec balustrade. Les pilastres d’angles, plus marqués, se prolongent eux aussi à droite et à gauche par deux massifs à pilastres et boules décoratives surmontées de croix.

  • Deux puissantes volutes relient ce deuxième niveau au clocher en bulbe.

Chaque niveau est souligné par des corniches à ressaut fortement marquées. Ces différentes caractéristiques permettent de parler de style « jésuite » (inspiré du « jésu » de Rome). On est au seuil du baroque.

Depuis décembre 2020, la municipalité a lancé une souscription auprès de la fondation du patrimoine pour restaurer cette église. Pour y participer vous pouvez vous connecter à la fondation du patrimoine en cliquant ICI


Le presbytère

Hôtel de la monnaie au temps de NICOLAS II du CHATELET, L’édifice devint presbytère en 1751.

Il fut vendu à la Révolution puis racheté par la commune en 1831.

Le corps de logis date de la fin du 15ème siècle ou du début du 16ème. Il s’agit d’une construction rectangulaire, à tour d’escalier en vis et présentant plusieurs baies à meneau et croisillon moulurés.

Au sud, une grange-écurie fut bâtie au 18ème siècle. Une dernière extension, au nord, fut ajoutée au 19ème siècle.

Édifie entre cour et jardin clos de murs, il conserve des éléments intérieurs anciens: cheminée monumentale sur console ou plusieurs cheminées à trumeaux en plâtre du 18ème siècle.

Il fut vendu par la commune à des particuliers en 2015.


La Grande Fontaine

La grande fontaine est une construction de la deuxième moitié du 18ème siècle.

Un lavoir fut édifié à proximité, au début du 19ème siècle, protégé par un toit à croupes sur piliers en pierre et fermé d’un mur de clôture en 1848.

La fontaine se compose d’un bassin de plan octogonal et d’une pile de jet centrale carrée à panneaux moulurés et fleurons. Cette fontaine est le seul élément subsistant de l’ensemble des cinq édifices des eaux existant dans le village à la fin du 18ème siècle.

La grande fontaine, avec son pavage et le lavoir, ainsi que l’édicule de captage en amont situé à l’intersection de la rue du Binveau et de la rue des Tanneurs est inscrite aux monuments historiques depuis 2011.


La maison du  cardinal Jean-Claude SOMMIER (1661 – 1737)

Petit-fils de Adam Saumier qui, en 1636, fût commandant du château-fort de Vauvillers et fils de Nicolas Saumier qui fût conseiller privé du pape et bailli de Vauvillers, Jean-Claude Sommier est né à Vauvillers le 22 juillet 1661.

En 1607, cette famille se fait construire une belle maison de style renaissance avec une tourelle d’angle hexagonale, montée en encorbellement, dans cette rue qui mène aux Halles (rue du château). Bien que radicalement remaniée au XVIIIème et XIXème siècles, cet édifice a conservé sa façade en pierre de taille flanquée d’une échauguette d’angle ainsi qu’un remarquable portail en bossages en forme de nids d’abeilles, richement sculpté de masques et de feuilles d’acanthe, dont il reste peu d’exemples de cette qualité en Franche-Comté.

Dans cette demeure, le jeune Jean-Claude passe sa jeunesse avant d’entrer au séminaire. Ordonné prêtre à Besançon en 1685, il est attiré en Lorraine par Mgr de Bissy, évêque de Toul. Ses supérieurs ne tardent pas à lui confier des postes élevés : abbé commanditaire de l’abbaye de Sainte Croix de Bouzonville, grand prévôt de l’Église de Saint-Dié et conseiller-prélat en la cour souveraine de Lorraine et Barrois.

Jean-Claude Sommier, ambitieux et habile, réussit à percer à la cour de Léopold Ier. Apprécié par ce dernier, le prince le nomme son prédicateur et son conseiller ordinaire et le charge de plusieurs négociations (à Vienne, Mantoue, Venise, Parme, Paris et Rome) qui contribuent à son prestige de fin diplomate. En même temps, il gagne les faveurs de la cour pontificale par ses écrits : « Histoire dogmatique de la religion » (1708) qui comprend « L’Histoire et l’Explication du Décalogue » (dix commandements), et surtout par son « Histoire dogmatique du Saint-Siège » en 7 volumes.

A ses qualités d’écrivain s’ajoute le don de la parole. Sa voix prenante et onctueuse le fait apprécier comme prédicateur.

Innocent XIII l’avait nommé camérier (Personne attachée au service personnel du pape), Benoît XIII le sacre archevêque de Césarée et le créé prélat de sa maison et Évêque assistant au trône pontifical (il est consacré le 29 janvier 1725). En effet, envoyé à Venise par le duc en 1724, Sommier pousse jusqu’à Rome afin d’offrir au pape quelques-uns de ses ouvrages.

A l’époque, si l’on avait une certaine notoriété, il était alors permis d’être appelé cardinal dès la dignité précédente; c’est le cas pour le « cardinal Sommier ».

Saint-Dié, où il est grand prévôt de l’église, n’est qu’à une centaine de kilomètres de Vauvillers que le cardinal n’oublie pas. Lorsqu’il en a le temps il vient chez son frère dans la maison à tourelle. Il ne manque pas d’être généreux pour l’église où il a été baptisé. Le triptyque qui se trouve au milieu du mur à gauche de la nef, est un de ses cadeaux. Son blason est reproduit au dos d’un des volets.

A l’âge de 76 ans, malade, le cardinal songe à sa mort prochaine. Le 7 mai 1737, il établit une fondation en l’Église de Vauvillers et remet à cet effet la somme importante de 6000 livres entre les mains de Gaspard de Clermont -Tonnerre. Il meurt le 5 octobre 1737 et est inhumé dans la chapelle St-Léon de la collégiale de Saint-Dié.

Monseigneur Sommier a incontestablement contribué à la notoriété de Vauvillers au début du 18ème siècle.


Les cloches de l’église de VAUVILLERS

Les trois cloches, que nous entendons sonner sans y prêter beaucoup d’attention, mais qui nous manqueraient certainement si nous venions à en être privés, ont leur histoire et nous allons la retracer brièvement.

La moyenne unique rescapée de l’époque révolutionnaire.

Vauvillers possédait quatre cloches avant la révolution, époque au cours de laquelle, en 1793, cinq cents hommes, venant des collines et forêts situées de l’autre côté du Coney (Gruey, Harsault, Hautmougey, Ambievillers) en enlevèrent une pour Gruey, en laissèrent une sur place et brisèrent les deux autres, dont un fragment subsiste au clocher.

Les deux cloches réduites en morceaux, furent les innocentes victimes d’un décret de la convention du 27 juillet 1792, qui prescrivit la confiscation de toutes les cloches, sauf une seule pour chaque paroisse, elles ont dû être fondues en canons ou en monnaie….

Toujours est-il que la seule cloche restée de cette époque est la « moyenne », celle qui correspond sensiblement à la note MI. Elle eut par ailleurs à subir les méfaits de l’occupation allemande en 1870, et fut fêlée par des coups de sabres et de crosses sur toute sa hauteur. Cette cloche porte l’inscription « DEUM LAUDO PLEBEM VOCO, DEMUNCTOS PLORO » (ADIEU MES LOUANGES – AU PEUPLE MON APPEL, MES LARMES AUX MORTS). Elle fût bénite par Monsieur l’Abbé Renaud, alors curé de Vauvillers en 1776. Elle avait été fondue par Mrs Dubois et Robert. Son poids est de 1100 kilos.

La « petite cloche », cadeau de Monsieur de Bouligney :

En 1844, Monsieur Antoine François de Bouligney, premier Vicaire Général de Besançon, originaire de Vauvillers et grand bienfaiteur de la paroisse, faisait don de la « Petite Cloche » correspondant à la note FA DIEZE. Elle porte l’inscription « SANCTE ANTONI, ORA PRO NOBIS ».

Elle fut bénite par Monsieur l’Abbé Rouge, curé de Vauvillers, le 13 juin 1844, et eut pour parrain et marraine Alexandre Perrin, notaire Royal (nous étions alors sous le règne de Louis Philippe) et Louise Garcin, épouse du Docteur Garcin de Vauvillers.

Elle a été fondue par Mrs. Goussel, Brenel et Fils de Blevaincourt et pèse 715 kilos.

La grosse cloche, cadeau de la communauté paroissiale à son église :

Une pieuse personne, Mademoiselle Berthe Mougeot, rêvait depuis longtemps de compléter l’harmonie des deux cloches par une troisième d’un ton plus grave, donnant la note RE. Elle fit un don important à cet effet et sut susciter des générosités. Toute la paroisse, qui comptait alors près de 1200 habitants, voulut participer et notamment la famille du Docteur PLUMEREL.

La grosse cloche fut fondue par M. JEANNEL, fondeur à Martinvelle. Elle pèse 1320 kilos.

La municipalité fit remettre à neuf le beffroi, et c’est le 28 juin 1893, un siècle après le passage des révolutionnaires que fut bénite solennellement par Monsieur le Chanoine RIGNY, curé de Saint-Pierre à Besançon, ancien curé de Vauvillers, « Berthe Charlotte Camille », ayant pour parrain M. l’Abbé Charles BURY, curé doyen de Beaujeu, et pour marraine Mademoiselle Camille PLUMEREL. Monsieur l’abbé DUPUIS étant curé doyen de Vauvillers. Mademoiselle Berthe Mougeot était décédée entre temps et n’avait pas eu la joie de voir son rêve réalisé.

Le prix de revient de cette grosse cloche a été de 3558,60 Francs. (dont un legs de 1500 francs de Melle Mougeot et 1568,60 francs de la souscription publique).

La commune, dont le maire était M. Jules BAILLY a dépensé, pour la consolidation du beffroi, la somme totale de 819,75 francs.